Bonjour à toutes et à tous.
Comme promis, voici le récit un peu plus détaillé sur les circonstances de cette mésaventure.
Tout d'abord, voici l'implantation des lieux du « délit ».
La flèche rouge indique la direction suivie par la Mercedes, la bleue, ma trajectoire ... enfin, ce qui devait être ma trajectoire ...
Sur le plan satellite (désolé si elle est floue mais le carrefour est situé près d'un domaine militaire ... secret Défense!
), j'ai incrusté trois photos qui ont été tirées dans le sens des flèches. Vous avez donc une idée relativement précise de la configuration de ce carrefour.
La flèche n° 1 (et la photo associée) représente le sens dans lequel arrive la Mercedes blanche.
La flèche n° 2 reflète la vision qu'a le conducteur de la Mercedes lorsqu'il arrive dans le carrefour.
La flèche n° 3 indique le sens dans laquelle je me dirigeais.
Le décors est planté. Voici maintenant la petite histoire
.
Jeudi 28 février. Il est 8 heures du matin. Je fais office de bus scolaire pour quatre enfants du village (dont les miens). D'habitude, ce n'est pas moi qui joue ce rôle le matin, c'est plutôt le soir. Je remplace le préposé habituel qui est en déplacement professionnel. Un signe du destin? Non car ce n'est pas la première fois que cela arrive. Cette personne est un artisan menuisier et il est très sollicité
.
En sortant la voiture du garage, je m'aperçois que la ceinture centrale arrière n'est pas placée. Je m'empresse de la sortir de son logement et de la fixer. Une intuition? Non, car j'exige toujours que les passagers bouclent leur ceinture. Comme je sais que j'ai quatre enfants à amener à l'école, c'est plutôt un réflexe.
Le ramassage des bambins (de 15 et 17 ans ...) est effectué. Nous nous dirigeons vers la commune de Florennes où se situe l'école.
L'entrée de la commune est un peu particulière: un vieux pont vicinal marque le début de la zone d'agglomération (photo 3). La particularité de ce pont est qu'il est relativement étroit et qu'il est également légèrement désaxé vers la gauche par rapport à la route.
Juste après le pont, un carrefour. Sur ma droite, une route venant du centre-ville rejoint la route principale. A cause de ce pont désaxé, le champ de vision pour tous les automobilistes est assez limité, aussi bien pour ceux venant du centre-ville que pour ceux qui, comme moi, entrent dans la commune.
C'est jeudi, le jour du marché. Toute la circulation venant de la ville est déviée vers cette route qui rejoint la route principale.
C'est l'heure de pointe. La circulation est assez dense. Les gens sont stressés. Pas moi! La route sur laquelle je roule est libre. Juste une voiture qui me suit à une bonne centaine de mètres.
Lors de mon passage sous le pont, une première voiture venant de ma droite s'engage dans le carrefour et se dirige vers moi. Apparemment, la conductrice ne m'avait pas vu. L'étroitesse du pont m'amène à me concentrer sur cette première voiture. Je ralentis car je n'ai pas la priorité pour passer sous ce pont, mais j'y suis déjà engagé. Ca passe? Oui, c'est une petite voiture. Nous nous croisons sous le pont. Bonjour madame ... Elle aurait pu faire attention quand-même
mais bon, je suis serré au maximum sur ma droite et tout se passe bien
.
Une fois le danger écarté, je peux me concentrer sur le carrefour. Rien ne me semble anormal.
Tout à coup, à la sortie du pont, je vois un capot de couleur blanche apparaître ... Puis une portière avant
... Mais c'est qu'il ne s'arrête pas, le bougre
! Mais c'est qu'il suit la voiture qui le précède sans se soucier de ce qui arrive à sa gauche
! Hé, ho! J'suis là, moi
! A ce moment-là, nous sommes distants l'un de l'autre d'environ 10 ou 15 mètres, peut-être un peu plus
. Plus moyen de s'arrêter à temps. Il me voit enfin ... Trop tard
.
Sachant très bien que l'impact est quasiment inévitable, deux solutions s'offrent à moi:
- Tenir le cap en appuyant désespérément sur ma pédale de gauche (le frein, quoi ... Pour ceux qui ne savent pas que je possède une transmission MMT). L'inconvénient est que la pauvre personne à qui j'allais dire un bonjour inopiné allait en prendre pour son grade car j'allais le percuter au niveau de sa portière ... Dommages corporels assurés pour lui! Mauvaise solution!
- Freiner à fond tout en braquant vers la droite, ce qui me permettrait de limiter les dégâts corporels et même, infime espoir, éviter le choc, vu que la voiture m'ayant coupé la priorité continue sa course.
Je choisis la deuxième solution, quitte à me mettre en porte-à-faux par rapport au code de la route. Enfin c'est ce que je pensais ...
Du passage de la première conductrice au passage de la deuxième voiture, il s'est écoulé à peine une seconde ou deux, je ne sais pas. Toute cette réflexion qui s'en est suivi n'a duré qu'une fraction de seconde. Ces deux choix sont-ils les seuls possibles? Ma décision est-elle la meilleure ? Pas le temps d'y réfléchir, l'urgence est là
.
Je freine et je tourne le volant vers la droite autant que je peux. Je sens la pédale de freins vibrer à cause de l'activation de l'ABS. La voiture semble glisser. Le décrochage vers la droite s'amorce. Je vois la Mercedes s'approcher de plus en plus. Ma voiture continue son décrochage vers la droite. Je vais passer ... Oui, ça passe
... BANG!
... Non, ça ne passe pas
!
Le choc est faible. Les airbags ne se mettent pas en fonction mais les pré-tensionneurs des ceintures plaquent les passagers à leur siège. Personnellement, je n'ai rien senti. Ce sont les enfants à bord qui me l'ont raconté.
Aussitôt après le choc, la voiture s'immobilise au milieu du carrefour. Après le vacarme de l'impact, le silence ... Tout le monde va bien? Oui. Ouf
.
Je serre le frein à main et j'éteins le moteur. La commande des feux de détresse ... Où qu'il est
? Ah oui, sur le tableau de bord
. Je déboucle ma ceinture. Je descends et je me dirige immédiatement vers la voiture blanche qui s'est rangée dans le champ en face du carrefour. Ses airbags latéraux ont fonctionné. Le conducteur descend de sa voiture en se tenant la tête mais tout va bien. Re-ouf
... Et puis j'explose
! J'ai rarement enguirlandé quelqu'un de la sorte. Ce fut bref mais éloquent : « Vous ne pouvez pas faire attention, non? Vous venez de brûler un stop »
. Evidemment, la réaction que j'ai eue n'a pas amené un dialogue serein au début
. La réaction suivant l'action, le « chauffard » me reproche sur le même ton de rouler à une vitesse folle ... Je reprends mes esprits et je m' excuse immédiatement de m'être emporté de la sorte. Il fait de même. Le ton se calme. Le dialogue peut enfin commencer sereinement.
En analysant la situation, le conducteur de la Mercedes admet qu'il n'a pas respecté le « stop. ». Il reconnaît ses torts sans discuter.
Nous nous sommes réfugiés au dépôt de bus qui jouxte le carrefour (bien sympas, les chauffeurs de bus ... mais ils ne nous ont pas offert le café ... ) pour établir le constat à l'amiable. Un témoin (la personne qui suivait la Mercedes) s'est d'ailleurs manifesté et il nous a transmis ses coordonnées, au cas où ...
Nous avons rempli le constat d'accident tout en discutant de choses et d'autres. Le ton brutal du début s'est transformé en un beau chant d'oiseaux ... Oui, bon, j'exagère un peu mais le ton est passé à une franche discussion entres camarades.
Détail qui nous quelque peu rapprochés: sa Mercedes roule ... euh ... roulait au LPG
!
Nous nous sommes ensuite préoccupés de savoir si nos voitures roulaient encore.
Pour ce qui concerne la Mercedes, elle est hors d'état de rouler. En effet, sa roue arrière gauche est complètement de travers. C'est à ce niveau que l'impact s'est produit. Son aile et son pare-choc arrières sont également touchés assez sévèrement. Un coup de fil chez son concessionnaire et tout est mis en place pour l'acheminement d'une voiture de remplacement et le remorquage de la carcasse.
De mon côté, le bilan me semble plus léger:
- l'aile avant gauche pliée,
- le garde-boue en plastique est intact (hormis les fixations) mais il touche le pneu ...
- le pare-chocs avant a été percé par le longeron qui, lui aussi, a été atteint,
- le phare en mille morceaux ... mais il fonctionne encore !
- le phare antibrouillard aussi a été touché;
- ma belle calandre "TTE" ... légèrement touchée, elle aussi.
Reste à savoir les dégâts invisibles, s'il y en a ...
Le capot ne semble pas avoir été atteint, c'est déjà ça ...
Après un bref essai, la direction semble saine: pas de déviation de la trajectoire, pas de vibrations dans le volant. Ouf de chez ouf!
Un petit passage chez mon concessionnaire pour rectifier le garde-boue et fixer le pare-chocs et me voilà avec une voiture convalescente ... mais qui roule
.
Voilà ma petite aventure. Depuis, je suis sur les nerfs et j'ai tendance à m'emporte chaque fois qu'un rigolo me brule la priorité ... et il y en a beaucoup ...
... ou alors, je les attire ...
Prochain épisode: le rapport d'expertise. A mon avis, j'en suis à environ 3.500 euros de dégâts. Les paris sont ouverts.